La Pastourelle… une histoire qui commence en 2001
quand, pour ma première participation, je termine 2ème après avoir
lutté avec un coureur que j’admirais à l’époque, Denis Cherion. J’échouais
derrière un Sébastien Gagneur qui montrait à cette époque qu’il faisait partie
des meilleurs coureurs master au niveau national. Sébastien Gagneur s’imposera
de nouveau en 2002, mais en 2003, c’est moi qui l’emporte à Salers. Presque 15
ans plus tard, j’ai toujours la boule au ventre durant la semaine précédant
cette épreuve. 17ème édition, 9 fois que je suis sur le podium en 12
participation, 7 victoires, l’an dernier j’avais annoncé que pour la 10ème
cloche j’aurai moins de regret de ne pas y retourner si je devais arrêter la
compétition VTT. Pression…
Cette année la météo est assez semblable à 2014. Il
fait froid, à peine 8°C au début de l’échauffement, les nuages cachent le
soleil mais il fait quelques rares apparitions pour me décider à partir sans
manchette et en gants courts. Echauffement habituel, reco des derniers
kilomètres, je papote un peu avec les copains et j’en oublie même de faire les
rituelles accélérations de déblocage. Tant pis, direction la ligne de départ
pour le fictif qui nous amène après quelques kilomètres de route au départ
réel. Passage par le micro sur la place de Salers, nouveau coup de pression
quand le speaker et les organisateurs montrent que eux aussi savent que cela
pourrait être ma 10ème cloche.
Ne rien
laisser au hasard
Sur la ligne on retrouve le même plateau de
coureurs que l’an dernier. Il faudra se méfier de Seb Chabert qui a de bonnes
raisons de vouloir l’emporter cette année, mais aussi d’Eric Vialat, qui a
montré en 2014 qu’il pouvait être un dangereux adversaire sur cette épreuve. Il
y a aussi Romain Collot, Guillaume Pot et Vincent Pagès qu’il ne faut pas
oublier. Tous ces coureurs sont là pour la victoire ou au moins une place sur
le podium. J’ai toujours préféré me méfier de mes adversaires plutôt que de
partir confiant. Le sport n’est pas une science exacte et un jour sans est si vite
arrivé.
Cette année je n’ai pas spécialement préparé cette
course à l’entrainement, et pourtant 57km pour 3h de course, ça commence à faire long. Pas de sortie longue, peu d’heure de roulage
hebdomadaire (ce sera certainement l’objet d’un futur article), je compte
plutôt sur la fraicheur et ma connaissance de l’épreuve pour faire la
différence. J’ai repris le tracé de la course en lecteur de chevet, je connais
mes temps de passage de 2014, je sais où ça monte, combien de temps, combien de
kilomètres, j’ai mes repère au niveau des changements de versants de vallée, et
j’ai même poussé jusqu’à connaitre le nombre de virages dans les parties les
plus éprouvantes de la fin du parcours. Même sans compteur je pourrai vous dire
où j’en suis et depuis combien de temps je roule. Et c’est certainement là ma
force sur cette course : la gestion de 3h ni trop lente, ni trop intense,
mais 3h d’effort soutenu pour agiter une fois de plus cette fameuse cloche sur
le podium de La Pastourelle.
La course
Petite surprise de
l’organisation : nous partons derrière les marcheurs qui vont donc se
trouver sur notre parcours pendant 5km environ. « hop hop »,
« pardon », « merci », « j’passe à gauche, à
droite », je ne me retourne pas dès le début, imposant un petit rythme
sans vouloir créer l’écart de suite. Mais quand je me retourne, il ne reste que
Sébastien Chabert bien calé dans ma roue. Le rythme n’était finalement pas si
petit que ça. J’ouvre la piste, c’est moi qui avertis. Dans une petite descente
je dois m’arrêter pour un saut de chaine, Seb ralentit l’allure pour me laisser
rentrer mais derrière nous voyons pointer le nez d’Eric Vialat. Je produis un
effort pour revenir sur Seb et nous repartons ensemble. La course est longue,
il vaut mieux être 2 sur cette première montée en faux plat de 9km.
L’effort
m’a marqué et Seb décide d’accélérer le rythme. Je ne pourrai pas suivre et je
lâche 12 sec avant le premier portage aux sources de la Maronne. Nous avons à
ce moment-là accentué notre avance sur Eric qui pointe à 1min30. Sans m’affoler
je tente de trottiner pour le rejoindre mais les jambes ne répondent pas, je ne
peux que pousser le vélo dans la pente. Dans le 2nd portage, pareil,
Seb conserve une 10aine de seconde d’avance au moment de basculer à Impramau.
C’est alors que je vais commettre une grosse erreur en haussant le rythme dans
le single descendant. J’heurte un rocher avec la roue avant et je passe
par-dessus le guidon. Le genou bien amoché, je vérifie si le vélo n’a rien et
je repars, mais Seb n’est plus là. Le temps de retrouver mes esprits et de
reprendre des trajectoires correctes, je vais de nouveau avoir un contact
visuel dans cette première descente technique. L’objectif est simple : le
rejoindre avant les pistes rapides qui suivent pour éviter qu’il creuse
l’écart. C’est chose faite plutôt rapidement et il se relève pour se remettre
dans ma roue. Les jambes répondent de nouveau, j’ai pu digérer la première
partie de course.
Je reprends les commandes et le dirige dans le portage
suivant avant la descente dans la prairie qui mène au Pont des Eaux. Je chute
de nouveau dans l’herbe à vache où il n’y a encore aucune trace. Nous arrivons
à un passage que je connais pour avoir vu chuter David Lacoste une année.
J’avertis Seb « attention, il y a des gros trous dans l’herbe», je
passe et derrière je l’entends tomber. Je demande rapidement si tout va bien et
je continue ma descente dans la prairie. Ces portions sont difficiles à gérer
et peuvent faire gagner autant de temps qu’elles peuvent en faire perdre. Je
prends quelques risques en prenant de la vitesse, mais c’est dans ces parties
descendantes qu’il faut que je creuse des écarts pour le condamner à devoir
faire des efforts pour me rejoindre. 35sec d’avance au Pont des Eaux, puis de
nouveau 35sec à la Chaze. J’ai 1min d’avance sur mon temps de 2014, ce n’est pas
trop mal. Je loupe une intersection (les signaleurs n’étaient pas en place) et
je vois Seb qui revient fort dans une portion montante sur la route. 25sec au
point suivant à l’entrée du Falgoux, il ne faut rien lâcher, c’est souvent à
partir de ce moment que j’ai créé des écarts dans le passé. Les sensations
reviennent et je me surprends même à pouvoir courir dans les petits portages
alors que j’en étais incapable durant la première heure. A Espinouze j’ai 3min
d’avance sur 2014, j’ai bien haussé le rythme et Seb pointe maintenant à
1min30. 2min05 au Vaulmier, je négocie le petit portage, les singles
techniques, et à St Vincent j’aurai même 2min30 d’avance sur Seb et 4min sur
Eric.
Le tronçon « St Vincent-Colture »
présente quelques passages techniques où je m’applique pour accentuer encore
mon avance. L’objectif est d’arriver à Noux en haut de la grosse difficulté
avec 2min d’avance pour avoir un peu de marge sur les dernières portions
roulantes. A Colture je sais qu’il me reste 1h de course, mais surtout 25min
d’une interminable montée en lacés. 6 au total, on commence par un gauche et
ensuite ils seront de plus en plus serrés avec même du portage tellement la
pente s’accentue. Par rapport à 2014 je suis mieux, je trottine, je tourne bien
les jambes et je reste concentré car attention, après ce n’est pas fini, il
reste encore un faux plat sur la route où je me maintiens difficilement à
18km/h, puis la montée après Espinassoles, les plaines herbeuses, du faux plat
sur plusieurs kilomètres et enfin la délivrance avec 3km de route pour rallier
l’arrivée sur Salers avec sa descente dans le camping et la montée en escalier
qui mène sous une porte de la ville et direct sur la ligne d’arrivée. 3h01
d’effort, 10min de moins que l’an dernier. Il m’aura fallu 29min pour rallier
Noux à Salers contre 31min30 en 2014. Les chiffres sont là, la condition était
meilleure cette année. Presque 7min après moi c’est Eric Vialat qui monte sur
la 2ème marche, avec environ 2min d’avance sur Seb qui a une épaule
endolorie suite à sa chute et qui n’a pas pu résister au retour d’Eric dans la
montée vers Noux.
Déçu pour Seb qui montrait vraiment qu’il était en
grande forme sur le début du parcours, mais la chute en VTT fait partie de la
course. J’ai eu peur, mais je n’ai pas douté. Gérer le technique, les
descentes, les efforts en bosse et la longueur du parcours, il n’y a rien
d’acquis jusqu’à l’entrée de Salers sur la Pastourelle. Eric et Seb sont de
sérieux adversaires car maintenant ils ont l’expérience d’avoir terminé à plusieurs
reprises cette course et je crois qu’eux aussi ont bien décidé de se mettre à
collectionner les cloches…
Les classements sont dispo ICI sur le site de La Pastourelle.
Top 10 :
1. Anthony Gauthier 03:01:18
2. Eric Vialat 03:07:58
3. Sébastien Chabert 03:09:14
4. Paul Renault 03:13:02
5. Romain Collot 03:15:20
6. Guillaume Pot 03:15:24
7.Pascal Mouchague 03:16:04
8. Christophe Contant 03:20:20
9. Jean-Marie Ramond 03:23:00
10. Nicolas Cayron 03:23:27
Petite parenthèse
Pour terminer et pour répondre à un statut que j’ai
pu lire sur les réseaux sociaux, une course de VTT (et pour n’importe quel sport
d’ailleurs) n’est gagnée que lorsqu’on a franchi la ligne d’arrivée. Les pépins
mécaniques, physiques, les chutes, les erreurs de parcours font parties de la
course, et d’autant plus sur un Raid comme à La Pastourelle où il faut tout
gérer et être attentif pendant 3h. Cette course se gagne à l’expérience, à la
vigilance. On pourrait refaire le classement : si Julien Toppan avait été
là, si Maxime Roger avait été là, si Vincent Pagès n’avait pas crevé dès les
premiers kilomètres, si David Lacoste n’avait pas cassé un rayon, si Sébastien
Chabert n’était pas tombé, peut être que je n’aurai terminé que 6ème…
allez savoir ! Qu’on se le dise le VTT, et surtout la Pastourelle, ce
n’est pas la route, rien n’est joué temps qu’on n’a pas franchi la ligne car
nous les VTTistes, on ne lâche rien, on se bat jusqu’au bout.
(merci à Amandine pour les photos. Vous en trouverez plus sur sa page facebook ICI)
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